Page:Avezac-Lavigne - Diderot et la Société du baron d’Holbach, 1875.djvu/138

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de la Fontaine, celle du Vieillard et des trois Jeunes Hommes :


Quel fruit de ce labeur pouvez-vous recueillir ?
Autant qu’un patriarche, il vous faudrait vieillir.
À quoi bon charger votre vie
Des soins d’un avenir qui n’est pas fait pour vous ?

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Mes arrière-neveux me devront cet ombrage :

Eh bien ! défendez-vous au sage
De se donner des soins pour le plaisir d’autrui ?
Cela même est un fruit que je goûte aujourd’hui[1].


Au point de vue purement esthétique, la thèse que soutenait le sculpteur Falconet est des plus nuisibles. En ne travaillant que pour ses contemporains, l’artiste est nécessairement entraîné à obéir à la mode, et à flatter le goût du plus grand nombre, toujours bien au-dessous de l’idéal qu’il doit s’efforcer de représenter. Au contraire, l’artiste qui se préoccupe surtout du jugement de la postérité fait bon marché de ce qui est transitoire, et s’élève spontanément aux qualités qui caractérisent toute production durable. Sans chercher à rabaisser le talent de Falconet, nous croyons pouvoir assurer que cet habile artiste aurait été plus complet, s’il eût davantage pris souci de l’opinion de la postérité.

Les liens qui rattachaient Diderot à Paris étaient trop forts pour qu’il acceptât l’offre de l’impératrice de Russie, et qu’il se résignât à quitter Sophie et la société de ses amis.

  1. Livre XI, fable VIII.