Page:Avezac-Lavigne - Diderot et la Société du baron d’Holbach, 1875.djvu/140

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promptement servi, mais sans aucune affabilité. Je ne lui ai entendu louer que la facilité de voyager ; il dit qu’il n’y a aucun village, même sur une route de traverse, où l’on ne trouve quatre ou cinq chaises de poste et vingt chevaux prêts à partir. Il a traversé toute la province de Kent, une des plus fertiles d’Angleterre ; il prétend qu’elle n’est pas à comparer à notre Flandre. Il a bien repris du goût pour le séjour de la France dans son voyage d’Angleterre. Il nous a avoué qu’à tout moment il se surprenait, disant au fond de son cœur : Oh ! Paris, quand te reverrai-je ? Ah ! mes chers amis où êtes-vous ? Oh ! Français, vous êtes bien légers et bien fous, mais vous valez cent fois mieux que ces maussades et tristes penseurs-ci[1]. »

Bien différente était l’opinion d’Helvétius sur l’Angleterre : c’est pourquoi il écrivait au baron, à Londres : « Mon ami, si comme je n’en doute pas, vous avez loué une maison à Londres, écrivez-moi bien vite afin que j’emballe ma femme, mes enfants et que j’aille vous trouver. » Et le baron de dire à ses amis : « Ce pauvre Helvétius, il n’a vu en Angleterre que les persécutions que son livre lui a attirées en France. »

Diderot, aussitôt après la révision du grand ouvrage qui lui avait coûté vingt années de travail et tant de tribulations de toute sorte, s’était donné,

  1. L’acteur Garrick disait : « Londres est bon pour les Anglais, mais Paris est bon pour tout le monde. » On peut rapprocher ce mot de l’acteur anglais de ce qu’a dit Gibbon. (Voy. la Préface.)