Page:Avezac-Lavigne - Diderot et la Société du baron d’Holbach, 1875.djvu/161

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circuler sous le nom du roi de Prusse. Cette lettre supposée était ainsi conçue : « Vous avez renoncé à Genève, votre patrie ; vous vous êtes fait chasser de la Suisse, pays tant vanté dans vos écrits ; la France vous a décrété : venez donc chez moi. J’admire vos talents, je m’amuse de vos rêveries, qui, soit dit en passant, vous occupent trop et trop longtemps. Il faut, à la fin, être sage et heureux. Vous avez fait assez parler de vous par des singularités peu convenables à un véritable grand homme. Démontrez à vos ennemis que vous pouvez quelquefois avoir le sens commun ; cela les fâchera sans vous faire tort. Mes États vous offrent une retraite paisible ; je veux vous faire du bien, et je vous en ferai si vous le trouvez bon ; mais si vous vous obstinez à rejeter mes secours, attendez-vous que je ne le dirai à personne. Si vous persistez à vous creuser l’esprit pour trouver de nouveaux malheurs, choisissez-les tels que vous voudrez : je suis roi, je puis vous en procurer au gré de vos souhaits ; et ce qui sûrement ne vous arrivera pas vis-à-vis de vos ennemis, je cesserai de vous persécuter quand vous cesserez de mettre votre gloire à l’être. »

Cette lettre, sans être énormément spirituelle,

    la société. J’ai dîné hier avec une douzaine de savants ; et, quoique tous les domestiques fussent derrière nous, on parla, même de l’Ancien Testament, avec beaucoup plus de liberté que je ne l’eusse souffert à ma table, en Angleterre, en présence d’un seul valet. » Il faut dire à la décharge de Walpole qu’il était atteint de la goutte, et que lorsqu’il écrivait ces inepties, il était peut-être sous l’influence d’une crise.