Page:Avezac-Lavigne - Diderot et la Société du baron d’Holbach, 1875.djvu/173

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pondants de Grimm, le prince de Saxe-Gotha, était venu à Paris à la fin de l’année 1768[1], et il avait témoigné le désir de voir le Philosophe. Grimm voyant là une manière de faire sa cour au prince, lui avait promis de lui amener son ami. Mais il comptait sans la résistance de Diderot, qui n’aimait pas ces sortes de corvées. « Ces ridicules parades-là lui étaient insupportables. » Il s’en expliqua fortement avec Grimm. De là, colère de celui-ci.

Toutes ces tracasseries indisposaient Diderot, et il écrivait à son amie : « Ces gens-là ne veulent pas que je sois moi. Je les planterai tous là et je vivrai dans un trou : il y a longtemps que ce projet me roule par la tête. » Mais cette retraite n’aurait pas fait le compte de Grimm. Sur le point de partir pour l’Allemagne, il allait laisser à Diderot le tablier de sa boutique, c’est-à-dire la Correspondance littéraire[2].

  1. Il se trouva à Paris en même temps que le roi de Danemark, Christian VII. « Ce despote du Nord, écrivait Diderot à son amie, est de la plus grande affabilité. Il est honnête, il est généreux. Il a été aux Gobelins. On lui a montré les tapisseries ; et le duc de Duras, qui l’accompagnait, lui ayant demandé quelle était celle qu’il avait trouvée la plus belle, il l’a désignée : et aussitôt le duc lui a dit qu’il avait ordre du roi son maître de la lui offrir. Il y avait là Soufflot, Cochin, Michel Vanloo et d’autres. Il a commandé son portrait à Vanloo. »
  2. Grimm, qui voyait de loin, allait à la cour d’Autriche, au moment où le mariage de la fille de Marie-Thérèse avec le Dauphin, plus tard Louis XVI, était décidé. À ce propos, Voltaire écrivait à madame d’Épinay : « Je trouve que notre cher prophète est bien sage et bien habile d’avoir fait le voyage de Vienne. Il sera connu et protégé par madame la Dauphine longtemps avant qu’elle parte pour Paris. » Grimm revint au commencement du mois d’octobre 1769, après avoir séjourné à