Page:Avezac-Lavigne - Diderot et la Société du baron d’Holbach, 1875.djvu/185

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pondit, en la remerciant, qu’on n’avait jamais parlé famine d’une manière aussi plaisante que l’avait fait l’abbé.

Quant à Diderot, il croyait que, sur la question traitée, les Dialogues étaient décisifs. Le philosophe ne paraît pas avoir jamais fait grand cas des économistes, sauf de Mercier de la Rivière. En 1767, en effet, annonçant à Falconet l’arrivée prochaine en Russie de Mercier de la Rivière qui avait été appelé par la Czarine pour présider à la rédaction d’un nouveau Code, Diderot s’exprimait ainsi :

« Dans six semaines, au plus tard, vous aurez cette lettre, et vous jetterez vos bras autour du col de celui qui vous la remettra. Je ne vous le nomme point ; c’est un homme qui a reçu de la nature une belle âme, un excellent esprit, à qui l’expérience des grandes affaires et la réflexion sur les objets les plus dignes d’occuper un homme, ont donné tout ce qui fait les hommes rares. Il sera précédé d’un ouvrage intitulé : De l’ordre naturel et essentiel des sociétés politiques. Jetez-vous bien vite sur ce livre, dévorez-en toutes les lignes, comme j’ai fait, et puis après allez rendre à l’auteur tout ce que vous croirez lui devoir de respect, d’amitié et de reconnaissance. Nous envoyons à l’Impératrice un habile homme ; nous vous envoyons à vous un ami, un galant homme, un honnête homme..... Lorsque l’Impératrice aura cet homme-là, de quoi lui serviraient les Quesnay, les Mirabeau ? À rien mon ami, à rien. C’est celui-là qui a le secret, le véritable, le secret éternel et immuable du bonheur des empires. »