Page:Avezac-Lavigne - Diderot et la Société du baron d’Holbach, 1875.djvu/205

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des monstres. Il fait exception, il est vrai, en faveur de deux personnes, de Duclos et de Condillac ; mais on remarquera qu’il n’a jamais vécu avec eux dans l’intimité, et que c’est uniquement à cela, sans doute, qu’ils doivent d’avoir été épargné par le misanthrope.

On pense quel scandale dut causer la lecture des Confessions durant l’hiver de 1770 à 1771. Plusieurs folliculaires, — Dorat entre autres, — en donnèrent des extraits. Parmi les personnes insultées dans les Confessions, la plupart méprisèrent l’injure, mais madame d’Épinay, plus impressionnable et plus maltraitée, ne put rester calme : pour sa tranquillité, elle écrivit au lieutenant de police la lettre suivante : « Il n’y a rien de si insupportable pour les personnes surchargées d’affaires, monsieur, que ceux qui n’en ont qu’une. C’est le rôle que je meurs de peur de jouer avec vous ; mais comptant, comme je le fais, sur votre amitié et sur votre indulgence, je dois vous dire encore que la personne dont je vous ai parlé hier matin a lu son ouvrage aussi à M. Dorat, à M. de Pesay et à M. Dusaulx : c’est une des premières lectures qui en aient été faites. Lorsqu’on prend ces messieurs pour confidents d’un libelle, vous avez bien le droit de dire votre avis, sans qu’on soit censé vous en avoir porté des plaintes. J’ignore cependant s’il a nommé les personnages à ces messieurs. Après y avoir réfléchi, je pense qu’il faut que vous parliez à lui-même avec assez de bonté pour qu’il ne puisse s’en plaindre, mais avec assez de fermeté cependant