Page:Avezac-Lavigne - Diderot et la Société du baron d’Holbach, 1875.djvu/220

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Nommé, en 1761, à l’intendance de Limoges, il améliora toutes les branches de l’administration. Mais les graves occupations de sa charge ne l’empêchèrent pas de composer quelques ouvrages. Il en fit un, entre autres, qu’on peut regarder comme le germe du traité sur la richesse des nations d’Adam Smith. Ses travaux d’économie politique, l’activité qu’il déploya dans son intendance, lui assurèrent les suffrages de tous les hommes éclairés, et à la mort de Louis XV, la voix publique le désignait à son successeur au trône, « comme un homme qui joignait à toutes les lumières que l’étude peut procurer, l’expérience que donne l’habitude des affaires[1]. » Au moment où il fut nommé contrôleur-général, les finances étaient dans le plus grand désordre, et le crédit était anéanti. La nation demandait à grands cris un ministre réformateur. Louis XVI, que sa femme, la Cour et l’Autriche ne gouvernaient pas encore, ne voulut pas braver l’opinion.

La lettre remarquable que Turgot écrivit au roi à cette occasion, contient toutes ses vues sur le gouvernement, son programme, ses moyens et son but :

Point de banqueroute,

Point d’augmentation d’impôts,

Point d’emprunts.

Faire disparaître les dépenses inutiles, réduire les gages des gens de cour, tel est le premier remède

  1. Vie de M. Turgot, par Condorcet.