Page:Avezac-Lavigne - Diderot et la Société du baron d’Holbach, 1875.djvu/236

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plus un joli compliment à votre esprit. J’en conviens, mais qu’est-ce que l’esprit en comparaison de l’estomac ? »

Bien avant d’avoir à déplorer la mort de ces deux dames, qui mettait en désarroi le monde philosophique, il avait vu disparaître deux de ses plus célèbres représentants ; en 1771, l’auteur des Considérations sur les mœurs, Duclos, l’ancien ami de madame d’Épinay[1] ; puis, l’année suivante, Helvétius ; mais à l’époque où nous sommes arrivés, les lettres allaient perdre, à très-peu d’intervalle, les deux hommes qui, avec ceux dont nous nous sommes principalement occupés dans cette étude, ont eu la plus grande influence sur leur siècle : on a nommé Voltaire et Rousseau.

Il est temps de dire un mot des tendances qui caractérisent les trois principales écoles philosophiques du dix-huitième siècle : l’école de Voltaire, quoique incomplète, puisqu’elle avait en vue de saper l’autel tout en conservant le trône, envisageait la question sous son aspect le plus élevé. Elle avait compris qu’il fallait commencer par modifier les opinions et les mœurs avant de tenter les réformes pratiques. Celle de Rousseau, au contraire, outre qu’elle employait le raisonnement

  1. Le curé qui vint voir Duclos dans sa dernière maladie, s’appelait Chapeau. Il le pressait vivement de s’acquitter des devoirs de l’Église. « Comment vous appelez-vous, monsieur le Curé ? — Chapeau. — Eh ! monsieur, je suis venu au monde sans culottes, je puis fort bien en sortir sans chapeau. » (Voy. Correspondance littéraire.)