Page:Avezac-Lavigne - Diderot et la Société du baron d’Holbach, 1875.djvu/33

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philosophique de ce qui n’avait été d’abord qu’un jeu d’esprit ?[1] »

En tout état de cause, Jean-Jacques était désormais engagé dans la voie fatale de ces dangereux sophismes qu’il devait soutenir avec tant d’éloquence, et l’attrait d’un style entraînant, que les leçons de Buffon, dont le grand ouvrage commençait à paraître, allait encore perfectionner. Il est à remarquer que Rousseau, tout en voulant éviter à tout prix les lieux communs, ne faisait pourtant que renouveler à grand fracas les plus anciennes traditions sur la perfection originelle et le danger des sciences.

La mesure plus douce, qu’on venait de prendre à l’égard du prisonnier de Vincennes, annonçait que sa détention ne serait pas de longue durée. En effet, après trois mois et demi, il fut rendu à la liberté et à ses études.

L’année 1749, avons-nous dit, devait être pour Diderot celle des grands travaux. Ce fut vers le commencement de cette année, par conséquent avant sa détention, qu’il mit la première main à l’Encyclopédie. Une traduction du Dictionnaire de Chambers, que des libraires lui avaient proposée, devint, au dire de Condorcet[2], l’entreprise la plus grande et la plus utile que l’esprit humain ait jamais formée. Pour l’exécuter, il s’associa un des

  1. Voy. la réfutation de l’ouvrage d’Helvétius intitulé : l’Homme, dans les Œuvres complètes de Diderot, édition Assézat. (en cours de publication).
  2. Voy. Éloge de d’Alembert, par Condorcet.