Page:Avezac-Lavigne - Diderot et la Société du baron d’Holbach, 1875.djvu/38

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but qu’on doit se proposer dans toute investigation sur les phénomènes physiques de la matière.

En même temps qu’ils préparaient ou publiaient les premiers volumes de l’Encyclopédie, les deux infatigables collaborateurs trouvaient encore du temps à consacrer à d’autres grands travaux. Le géomètre, en 1749, résolvait le problème de la précession des équinoxes, et, en 1752, il publiait un Traité sur la résistance des fluides[1]. De son côté, le philosophe donnait en 1751, — l’année même où paraissait le premier volume de l’Encyclopédie, — sa Lettre sur les sourds et muets, qui complétait sa première dissertation sur les aveugles, et, en 1753, les Pensées sur l’interprétation de la nature.

Sans être aussi original que les deux précédents, puisqu’il est fortement imbu des préceptes de Bacon, ce livre est un des plus forts que l’on ait faits sur la méthode dans les sciences expérimentales. Tout d’abord, il établit la division du travail humain en théorique et pratique, puis il fixe le but à atteindre : « l’utilité circonscrit tout » et la nature des questions à traiter : le physicien abandonnera le pourquoi et ne s’occupera que du comment ; enfin, il expose les trois moyens principaux d’investigation : l’observation, le raisonnement, l’expérience : « Tant que les choses ne sont que dans notre entendement, ce sont des notions qui peuvent être vraies ou fausses. Elles ne prennent de la consis-

  1. Vers la même époque, d’Alembert vulgarisait le Traité d’Harmonie, du célèbre Rameau. Comme tous les hommes distingués de son temps, il aimait la musique avec passion.