Page:Avezac-Lavigne - Diderot et la Société du baron d’Holbach, 1875.djvu/45

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de la musique, nous musiquâmes toute la journée, et ainsi commença cette amitié qui, d’abord, me fut si douce. »

C’est Grimm, avons-nous dit, qui engagea la lutte contre la musique française. Il attaqua, dans une Lettre sur l’opéra d’Omphale[1], « cette façon de pousser avec efforts des sons hors du gosier et de les fracasser sur les dents par un mouvement de menton convulsif, que les Français appellent chanter, et que partout ailleurs, en Europe, on appelle crier. » Voilà pour le chant ; puis, dans le Petit Prophète de Bœhmischbrod, brochure écrite en style et en verset bibliques, il prend à partie l’orchestre de l’opéra de la manière la plus comique ; qu’on voie plutôt :

Chap. iv. — Le bûcheron (c’est le chef d’orchestre) : « Et pendant que je me parlais ainsi à moi-même (car j’aime à me parler à moi-même quand j’en ai le temps), je trouvai que l’orchestre avait commencé à jouer sans que je m’en fusse aperçu et ils jouaient quelque chose qu’ils appelaient une ouverture ;

» Et je vis un homme qui tenait un bâton et je crus qu’il allait châtier les mauvais violons ;

» Et il faisait un bruit comme s’il fendait du bois, et j’étais étonné de ce qu’il ne se démettait pas l’épaule, et la vigueur de son bras m’épouvanta ;

» Et je disais : si cet homme là était né dans la maison de mon père, qui est à un quart de lieue

  1. Omphale, parole de Lamotte-Houdart, musique de Destouches.