Page:Avezac-Lavigne - Diderot et la Société du baron d’Holbach, 1875.djvu/61

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

un billet par lequel celui-ci l’adjurait de donner à sa bienfaitrice cette marque de reconnaissance ; mais Jean-Jacques ne vit dans ce conseil qu’une intrigue dirigée contre lui, et dont le Philosophe n’était que l’instrument. Aussi lui répondit-il : « Votre avis ne vient pas de vous. Outre que je suis peu d’humeur à me laisser mener sous votre nom par le tiers et le quart, je trouve à ces ricochets certains détours qui ne vont pas à votre franchise et dont vous ferez bien, pour vous et pour moi, de vous abstenir désormais. » Puis, non content de cela, il écrit à Grimm qu’il connaît le motif qui oblige madame d’Épinay à aller précipitamment consulter Tronchin à Genève[1], et il insinue qu’il ne veut pas servir de chaperon à cette dame, tandis que celui qu’il pense être la cause du mal trouve mieux de s’en dispenser.

Engagés sur ce ton, on voit aisément à quoi ces pourparlers devaient nécessairement aboutir : brouillé avec Diderot, Grimm, madame d’Épinay et tous leurs amis, Rousseau dut bientôt quitter l’Ermitage.

Que si l’on trouve intéressant de rechercher de quel côté sont les premiers torts, on a sous les yeux toutes les pièces de ce procès. D’abord, pour

  1. Le docteur Tronchin vint plus tard à Paris en qualité de premier médecin du duc d’Orléans. Il s’était marié en Hollande avec la petite-fille du fameux pensionnaire Jean de Witt. Diderot voulait qu’on mît au pied de sa statue, cette inscription que fit Plutarque pour un médecin de son temps : « Il fut entre les médecins ce que fut Socrate entre les philosophes. » Il est mort en 1781.