Page:Avezac-Lavigne - Diderot et la Société du baron d’Holbach, 1875.djvu/63

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Qu’on remarque ensuite qu’elle séjourne près de deux ans en Suisse, où Grimm va passer avec elle plus de six mois. Où est donc le mystère en tout ceci ? Le mystère, s’il y en a un, est dans la folle passion que Rousseau avait pour madame d’Houdetot. Une chose, peut-être aussi, inquiétait sa vanité : il craignait qu’en accompagnant une grande dame, on ne vînt à faire la différence, dans son pays, entre sa conduite et les principes qu’il affichait en ses ouvrages. Une lettre qu’il écrit à Saint-Lambert, où il se plaint que madame d’Houdetot lui conseille d’aller à Genève, témoigne de cette préoccupation. « Quoi qu’il arrive, écrit-il, je ne veux pas aller m’étaler dans mon pays à la suite d’une fermière générale. » Ce qui irrita madame d’Épinay bien plus que le refus de l’accompagner, fut que pendant tous les pourparlers que l’incident fit naître, elle acquit la certitude que Jean-Jacques l’avait desservie dans l’esprit de Diderot. Rien ne pouvait lui être plus sensible. Sous l’empire de la colère, elle lui signifia son congé. Rousseau quitta donc l’Ermitage et vint s’établir à Mont-Louis, près de Montmorency, chez M. Mathas, procureur fiscal du prince de Condé.

Brouillé avec Grimm et madame d’Épinay, Rousseau prit la résolution de se séparer de Diderot

    confondu ce Linant, précepteur du fils de madame d’Épinay, avec celui qui avait été placé autrefois chez Voltaire. Mais ce passage d’une lettre de Voltaire ne donne pas lieu de douter qu’il y avait deux personnes de ce nom. « Permettez que je remercie M. Linant. Il n’a pas besoin de son nom pour avoir droit à mon estime et à mon amitié. J’ai connu son mérite avant de savoir qu’il portait le nom d’un de mes anciens amis. »