Page:Avezac-Lavigne - Diderot et la Société du baron d’Holbach, 1875.djvu/79

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financier[1]. Cette dame avait subi le charme de la conversation de Diderot, et elle s’aperçut trop tard qu’une de ses filles, Sophie, était éprise du Philosophe.

Diderot avait alors un peu plus de quarante ans, il était par conséquent dans toute la force de l’âge et s’il n’avait pas, comme Helvétius, le genre de beauté qui tourne la tête aux femmes de théâtre, il portait sur son visage le signe d’un grand esprit uni à un grand cœur, ensemble bien séduisant pour une femme intelligente et cultivée. D’ailleurs ses traits étaient nobles, sa physionomie très-expressive : « Son front large, découvert et noblement arrondi portait, nous dit Meister, l’empreinte imposante d’un esprit vaste, lumineux et fécond, l’ensemble du profil se distinguait par un caractère de beauté mâle et sublime ; le contour de la paupière supérieure était plein de délicatesse ; l’expression habituelle de ses yeux, sensible et douce ; mais lorsque sa tête commençait à s’échauffer, on les trouvait étincelants de feu. Sa bouche respirait un mélange intéressant de finesse, de grâce et de bonhomie. »

Madame Voland, dès qu’elle se fut aperçue que sa fille aimait Diderot, chercha, par tous les moyens, à les empêcher de se voir ; mais l’amour a bien des ruses, et puis Sophie avait pour confidente sa

  1. Dans l’Almanach royal, de 1726, on trouve M. Voland demeurant rue de Toulouse, préposé pour les fournissements des sels.