Page:Avezac-Lavigne - Diderot et la Société du baron d’Holbach, 1875.djvu/83

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dont nous avons parlé, à l’occasion de la froide réception qu’elle fit à Rousseau ; et n’ayant pu tomber d’accord avec madame d’Épinay pour l’acquisition du château de la Chevrette, il avait acheté, d’un M. Charon, le domaine du Grand-Val, qu’il avait fait restaurer et embellir. C’est là qu’il demeurait une partie de l’été avec sa femme, sa belle-mère madame d’Aine, et son beau-frère M. d’Aine[1], qui devint plus tard intendant de Tours, et succéda, par la suite, à Turgot dans l’intendance de Limoges.

Il n’est pas, je pense, sans intérêt, de se représenter d’une façon précise ce séjour où se sont agitées les grandes questions qui, après avoir été élaborées au centre d’un petit groupe d’hommes, ont fini par devenir plus tard le Credo de la masse des gens éclairés et par passer dans les faits. Quelque efficaces qu’aient été les résultats produits par l’Encyclopédie, les conversations de la maison d’Holbach ont exercé une influence plus grande sur la société contemporaine. La parole aura toujours, en effet, comme moyen de propagande, une importance bien autrement considérable que le livre. Le grand mérite du baron d’Holbach a été de réunir des gens qui, sans lui, ne se seraient peut-être jamais connus, de donner à leur réunion un but bien défini, et, en groupant ainsi toutes les forces actives, de les amener à faire converger tous leurs

  1. Alors maître des Requêtes. Il demeurait, d’après l’Almanach royal de 1767, rue Taranne.