Page:Avril de Sainte-Croix - Le Feminisme.djvu/14

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entre le bien et le mal, entre la souffrance et le bonheur les sociétés oscillent, sans avancer… » Ils se résignent à ce va-et-vient de balancier, comme à un nécessaire équilibre. Ils ne se doutent pas qu’ils sont au point mort.

Comme si, selon les nobles paroles de Renan, nous n’avions pas franchi une immense étape, depuis la chaîne des esclaves courbés sous le fouet, aux bas-reliefs de Ninive ! Comme si eux-mêmes n’avaient pas déjà fait du chemin, sur la route millénaire où marchait l’ancêtre velu !

À mesure qu’un monde croule, un autre s’édifie, plus large, dont l’idéal est une somme de bonheur, c’est-à-dire de justice, plus grande pour tous. Cette montée des individus, ce développement des sociétés s’opèrent si lentement que nous risquons, durant l’éclair où nous l’observons, de n’y rien voir. Prisonniers de notre horizon, nous prenons pour de l’immobilité ce qui est de la vie.

Jugeons, au contraire, avec le recul de la durée : Hier devient garant de demain. Notre vieille machine sociale peut encore écraser lourdement toute une catégorie d’êtres, cela n’empêche pas que la machine ne se meuve, non sur elle-même, mais en avant. Le sentiment de l’équivalence féminine nous pénètre. Le sentiment de la solidarité humaine est en croissance.

C’est ce que révèle, à l’évidence, le livre de Mme Avril de Sainte-Croix.

Depuis les jours lointains du Concile de Trente où de graves docteurs dissertaient sur ce point de savoir si la femme avait une âme, le féminisme a pris corps.