Page:Avril de Sainte-Croix - Le Feminisme.djvu/32

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liste, devancer parfois les hommes dans leurs revendications économiques.

Peut-être ces femmes ne comprennent-elles pas de prime abord toute la portée des idées qu’elles défendent ; peut-être quelques-unes seront-elles étonnées plus tard en voyant de combien les résultats ont dépassé leurs prévisions ; elles n’en aidèrent pas moins puissamment au mouvement révolutionnaire et, une fois conquises, lui demeurèrent fidèles jusqu’au bout.

La Révolution française, à laquelle beaucoup d’entre elles prirent part, dont quelques-unes furent victimes comme l’admirable Mme Roland et la touchante Lucile Desmoulins, la Révolution aurait dû, pour être juste, en même temps qu’elle émancipait réellement l’homme, devenir le point de départ de l’émancipation de la femme, tandis que par un illogisme incompréhensible elle consacra son asservissement. Elle fut néanmoins le point de départ du féminisme en France.

En effet, ainsi que le fait justement remarquer M. Léopold Lacour dans son très sûr ouvrage : Trois femmes de la Révolution, si l’idée qu’il peut y avoir égalité intellectuelle entre l’homme et la femme est antérieure à la Révolution, si même elle a précédé le christianisme, « c’est seulement du jour où furent proclamés les droits de l’homme, du jour au moins où se leva sur le monde la grande espérance de l’émancipation de l’homme, qu’une doctrine parut et put paraître de l’émancipation parallèle de la femme ». Et ce fut grâce à cet état d’esprit, grâce à cette aspiration générale vers plus d’égalité et plus de