Page:Azaïs - Jugement philosophique sur J.J. Rousseau et sur Voltaire.djvu/19

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coûtaient que la générosité de leur âme, devenaient partisans enflammés, impétueux admirateurs.

Ainsi, des mouvemens extrêmes produisaient, balançaient des mouvemens extrêmes qui les reproduisaient, les balançaient à leur tour. Alors, comme toujours, action alternative, loi universelle.

De telles impulsions données à l’opinion publique par J.-J. Rousseau, ou à son occasion, devaient réagir sur son esprit et son caractère, en fortifier même toutes les dispositions et toutes les qualités. Ses talens et son orgueil s’élevaient à la plus haute énergie mais ses lumières et sa raison n’étaient point augmentées au contraire, toujours livrée à des passions véhémentes, son âme devenait chaque jour plus inaccessible aux informations de l’expérience et aux représentations de la raison. Dès lors rien de fixe dans les idées, rien de sage dans la conduite ; pour toute vertu une misanthropie farouche quelquefois de la bonhomie, de la simplicité, de la bonté, par un reste de nature ; plus souvent de la défiance, de l’exaspération, de la barbarie, par système et par irritabilité ; de la force dans les pensées romanesques, dans les sentimens fastueux et inapplica-