Page:Azaïs - Jugement philosophique sur J.J. Rousseau et sur Voltaire.djvu/28

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sard et folie. Parmi les premiers, on distinguait des hommes qui, sur bien des objets avaient acquis une instruction abondante et précise, parmi les seconds, on distinguait des hommes de beaucoup d’esprit. Les premiers surtout voyaient très-bien un certain nombre de vérités, principalement de l’ordre de celles que l’on pourrait nommer négatives. J.-J. Rousseau les aliénait fortement par le ton de ses controverses dans lesquelles n’ayant pas la vérité pour lui, il prenait cependant l’autorité d’un maître, appelait, sur ses adversaires, l’animadversion des faibles, et, de cette manière, s’exposait à leurs justes ressentimens. Il les mettait d’ailleurs dans une situation difficile, car la prudence leur ordonnait d’être timides, à l’exception d’un petit nombre qui affectaient de l’audace et qui ne savaient pas la rendre imposante, ces agresseurs de toutes les choses consacrées prenaient, pour agir et se faire entendre des voies détournées. Au contraire, J.-J. Rousseau, toujours de bonne foi dans son exaltation toujours plein de franchise, ne voyant que les résultats les plus beaux, les plus utiles, dans toutes ses pensées, les proclamait, avec force, avec noblesse ; il semblait étouffer ses adversaires ; il ne faisait que les exaspérer.