Page:Azaïs - Jugement philosophique sur J.J. Rousseau et sur Voltaire.djvu/36

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d’éloquence, il aurait surtout attaqué, par des récriminations, ses ennemis et ses accusateurs. J.-J. Rousseau se plaint d’être maltraité, méconnu ; mais il ne veut de mal à personne ; la haine, la colère, la vengeance sont toujours étrangères à son cœur.

Si, à la lecture de ses Confessions, on ajoute celle de ses lettres, on aura la connaissance parfaite de son caractère. Dans ses lettres écrites à diverses époques, et sur différens sujets, il se montre souvent raisonneur profond, homme fier, homme de génie ; mais souvent aussi on le voit malheureux, misanthrope, sauvage, et toujours bon, simple, sans détours, plein de générosité, d’abandon et de franchise. Qu’était même en lui cette défiance excessive et ombrageuse qui le rendait souvent intraitable, lui donnait l’apparence du caprice, de l’humeur et même de torts odieux ? Ce n’était que le contre-coup malheureux, la compensation déchirante d’une confiance romanesque et excessive. M. Hume, par exemple, lui inspire cette confiance par des procédés nobles et des intentions honorables. Il l’entraîne en Angleterre ; il se fait son protecteur avec ménagement et délicatesse ; il devient son ami autant qu’il a la force et l’inclination de l’être.