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temps et des circonstances rendait bien illusoire, mais que nous tous, Français du siècle précédent, nous poursuivons avec ivresse, par l’imprudent effet de notre caractère, de nos progrès, de notre éducation. N’oublions pas, lorsque nous voudrons être justes, que ces météores humains, qui apparaissent, de distance en distance, dans l’histoire des peuples, qui s’élèvent rapidement, éclatent et se dissipent, sont formés, excités, enflammés par l’atmosphère même que tous leurs contemporains respirent ; les César, les Cromwell, les Napoléon ressemblent aux hommes de leur époque ; c’est pour cela qu’ils les entraînent ; tout ce qui les distingue, c’est une plus grande saillie dans les mêmes pensées et les mêmes mouvemens.

Mais, dans la nature, tout ce qui s’est élevé retombe, et tout ce qui s’est élevé à une hauteur sans mesure s’écrase en retombant. C’en est fait : Napoléon s’est écrasé ; il n’existe plus, en lui, ni hors de lui, le plus léger moyen de résurrection