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CHAPITRE PREMIER.

Principales notions de la Méchanique & de la Statique.

La Méchanique eſt une ſcience qui donne les regles pour augmenter les forces dans les machines, & pour en compoſer les mouvements : l’autre ſcience qu’on appelle la Statique leur fournit les loix de l’équilibre. Je ne donnerai que les principes de ces deux ſciences, dont j’ai pris ſeulement les principales regles le plus directement relatives à la compoſition des mouvements de l’Orgue, & ſans leſquelles on y fait des fautes énormes.

La ſcience de la Méchanique & de la Statique conſiſte principalement dans la connoiſſance du Levier. Les trois premieres Sections qui diviſeront ce Chapitre, en feront connoître les trois genres ; la quatrieme Section les Leviers contigus ; dans la cinquieme, j’expliquerai ce que c’eſt que la direction des forces pour employer les leviers avec avantage : & dans la ſixieme, je ferai connoître la poulie, avec le moyen de s’en ſervir utilement dans l’occaſion.

SECTION PREMIÈRE.

Levier du premier genre.

1On appelle en général Levier, une verge de fer ou de bois, &c. qu’on ſuppoſe inflexible & ſans peſanteur. L’on y remarque toujours trois points qui en conſtituent l’eſſence : l’un eſt appellé le point d’appui tel que A fig. 1, Planche I, ſur lequel le levier eſt toujours ſoutenu. L’autre eſt le fardeau, comme F, & le troiſieme eſt nommé la puiſſance, comme P, qui donne le mouvement au levier pour faire l’équilibre ou élever le fardeau F ; celui-ci s’appelle encore la réſiſtance.

2Le levier du premier genre, (fig. 1) eſt celui dont le point d’appui A eſt entre la puiſſance P & le fardeau F. Celui du ſecond genre, (fig. 2) eſt celui dont le fardeau F eſt entre le point d’appui A & la puiſſance P ; & celui du troiſieme genre, (fig. 3) conſiſte en ce que la puiſſance P eſt entre le point d’appui A & le fardeau F.

3Le levier du premier genre augmente d’autant plus la force ou l’avantage de la puiſſance P, que le point d’appui A en eſt plus éloigné & plus près du fardeau F. Il eſt bon de conſidérer ceci plus en détail.

Si le point d’appui A eſt au milieu de la longueur du levier PB, comme en C, il n’y aura point d’augmentation de force ; ce fera un parfait équilibre, en ſuppoſant que la puiſſance eſt égale au fardeau.

4Si le point d’appui se trouve en D, que je ſuppoſe être au quart de la longueur du levier du côté de la puiſſance, ce ſera alors un levier renverſé, & il y aura une diminution de force, enſorte qu’il faudra que la puiſſance P faſſe un effort de la valeur de trois livres, pour être égale à un far-