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FONTENAY
et
L’ARCHITECTURE CISTERCIENNE[1]


96. Sceau du Chapitre général[2].


La description détaillée de l’ancienne abbaye de Fontenay, qui a été donnée ici pour la première fois, les images mêmes qui en montrent sous tous ses aspects la sévère beauté ne peuvent donner qu’une idée incomplète de l’intérêt que présente un édifice aussi ancien et aussi intact pour l’histoire de l’architecture monastique. L’Ordre cistercien a donné aux édifices dans lesquels se sont exprimés sa règle et son esprit des formes bourguignonnes ; l’expansion de l’Ordre a répété ces formes à l’étranger et très loin de la Bourgogne. Déjà saint Bernard avait envoyé un moine de Clairvaux, Geoffroy d’Ainai, en Angleterre, et Frère Achard en Allemagne, pour diriger des constructions.

Dans tout le cours du xiie siècle, les frères convers qui étaient les ouvriers de l’Art cistercien, les conversi barbati, voyageaient d’un royaume à l’autre. Les chapitres annuels, qui amenaient à Cîteaux les abbés des monastères les plus éloignés,

  1. C’est un agréable devoir pour nous de mentionner le précieux concours que M. Émile Bertaux, professeur d’Histoire de l’Art moderne à la Faculté des lettres de Lyon, qui s’est fait une spécialité des études d’ « Art comparé », a bien voulu nous apporter pour la rédaction de ce chapitre d’histoire internationale de l’Art, dont l’ensemble n’avait été traité jusqu’ici que dans des ouvrages étrangers, tels que la grande Histoire de l’Architecture religieuse, de Dehio et von Bezold, t. I, chap. xiii, p. 518-540.
  2. Ce sceau, qui remonte au XIVe siècle, est le sceau des « définiteurs », assesseurs du général. Il porte en exergue la légende : Sigillum diffinitorum Capituli Generalis Cisterciensis Ordinis. L’image que porte le sceau représente l’Ordre de Citeaux abrité, dans le ciel, sous le manteau de Marie, reine des élus et dame de Saint-Bernard. L’Ordre est ici figuré par l’assemblée capitulaire des abbés, tenant la crosse. C’est la plus ancienne représentation connue de la vision d’un moine de Cîteaux, monachus quidam, rapportée vers 1235 par Césaire d’Heisterbach, dans son Dialogus Miraculorum. La vision figurée sur les sceaux cisterciens fut revendiquée par d’autres ordres. Elle a donné à l’art chrétien un thème qui, en se développant, est devenu le motif de la Vierge de Miséricorde (voir sur ce motif la savante étude de P. Perdrizet, Fontemoing, 1908). — La gravure du sceau nous a été obligeamment communiquée par M. H. Chabeuf, de Dijon.