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différemment, surtout dans les fonds bleus des architectures. On voit de curieux exemples de cet artifice dans les vitraux de la chapelle des Bourbons à la cathédrale de Lyon, dans ceux de l’Arbresle, de Rochefort et de Villefranche.

En revanche, la mise en plombs devient moins compliquée et l’on en arrive bientôt à peindre sur des pièces de verre blanc, souvent d’assez grandes dimensions, avec des grisailles et des émaux appliqués à la surface. Les verriers exécutent même en grisaille de petits tableaux d’une finesse extrême, rehaussés de jaune d’argent, et dont les carnations sont obtenues par de légers glacis d’un ton rouge Capucine très clair, à base d’oxyde de fer, désigné encore aujourd’hui sous le nom de « Jean Cousin » qui en fit, dit-on, le premier emploi (fig. 9). C’est ainsi qu’ont été peints les célèbres vitraux de la chapelle de la Bastie en Forez.

Avant le quinzième et surtout le seizième siècle, les sujets des vitraux étaient exclusivement religieux ; Les donateurs, soit particuliers, soit collectifs, comme il arrivait souvent pour les corps de métiers ou confréries, laissaient le souvenir de leur pieuse libéralité sous la forme discrète d’une inscription ou d’une armoirie ; parfois même on représentait les travaux de la corporation. Mais l’amour de l’ostentation finit par l’emporter et bientôt ce ne fut plus à des scènes sacrées, mais aux blasons armoriés des fastueux bienfaiteurs que furent consacrées des fenêtres entières, ou, tout au moins, leurs parties les plus en vue. Les vitraux de l’Arbresle, de Rochefort, de Saint-André d’Apchon, de Brou, sont autant d’exemples de ces « vitraux de présentation ».

Pour cette période, les noms d’un certain nombre de verriers lyonnais, ainsi que quelques-unes de leurs œuvres nous ont été conservés et sont mentionnés dans les archives. Parmi ceux que M. N. Rondot[1] a relevés, bornons-nous à citer Jean Chappeau, maître verrier de la cathédrale en 1527 et 1528. Il était également maître peintre ; Jean Rameau, peintre et verrier, en 1529, était « juge des sotz » ; Nicolas Droguet (1506), maître verrier, a fait pour la chapelle du Saint-Esprit du pont du Rhône des verrières ornées d’écussons armoriés ; Antoine Noisins, verrier (1515-1520), aurait travaillé aux vitraux de l’église de Brou ; Jacques Blich (1515-1524), peintre et verrier ; Salvator de Vidal, maître peintre et verrier, était verrier de la cathédrale en 1537 ; le même titre se trouve à côté du nom de Pierre Royer (l517-1518), de Jean Decrane (1518—1562), de Nicolas Durand (1545-1589), ce dernier ayant peint, en outre, des vitraux avec écussons armoriés pour

  1. Natalis Rondot, les Peintres sur verre à Lyon du quatorzième au seizième siècle, Paris, Rapilly, 1897.