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MILLE ET UN JOURS

disant que tous les journaux publiés en Allemagne étaient admis dans la prison sur un même pied d’égalité : qu’ils fussent pangermanistes, libéraux, ou même socialistes de tendance. Mais il nous était défendu de lire ou de recevoir des journaux français ou anglais, bien qu’il nous fût connu, de science certaine, que les grands quotidiens de Paris et de Londres étaient mis en vente tous les jours dans les dépôts de journaux de Berlin.

Cela ne veut pas dire, cependant, que j’aie passé trois années sans lire un seul journal anglais ou français. Il arrivait quelquefois des prisonniers nouveaux qui faisaient leur entrée chez nous avec des journaux de Londres ou de Paris dans leurs poches. Nous avions en outre d’autres petits moyens de nous procurer des journaux des pays alliés.

La fête de Noël est célébrée avec beaucoup d’éclat à Berlin. La veille de Noël, il y avait, à la prison, une petite fête durant la soirée. À cette occasion, on faisait un arbre de Noël, — l’arbre de Noël semble bien être une trouvaille made in Germany dont la mode s’est répandue un peu partout, dans le monde anglo-saxon du moins, — et deux ou trois officiers de la Kommandantur, accompagnés de quelques dames, se rendaient à la prison pour faire une distribution de vivres aux plus nécessiteux.

En 1915, on avait fait une assez bonne distribution de provisions, — je veux dire qu’il y en avait assez