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MILLE ET UN JOURS

à ce sujet. On y disait que les remarques qui avaient circulé à propos de Madame Gérard étaient fausses de toute façon sous tous rapports, et que M. et Mme Gérard, en toutes occasions, avaient été d’une correction irréprochable…

Il se passait rarement un jour sans que l’un des sous-officier de service, à la prison, ne vint près des Anglais internés pour leur faire la question suivante :

— « Quand aurons-nous la paix ? »… À cette question, nous répondions invariablement que nous ne le savions pas. C’était là un moyen, pour le sous-officier, d’entrer en matière puis de prolonger une conversation au cours de laquelle il trouvait le tour de dire que l’Allemagne voulait la paix, mais que l’obstacle était l’Angleterre.

Plusieurs d’entre nous, et en particulier un Belge du nom de Dumont, — qui n’avait pas la langue dans sa poche, — rétorquaient alors : — « Mais pourquoi avez-vous donc commencé ? »… Un jour, le sous-officier protestait, disant que l’Allemagne n’avait ni voulu ni commencé la guerre. Alors Dumont, antiboche enragé, et violent dans la manière de s’exprimer, se mit à crier : — « Vous avez raison, vous avez mille fois raison, ce n’est pas l’Allemagne qui a commencé, c’est la Belgique !!! » Éclat de rire général ! Le sous-officier, confus et confondu, tourne les talons et quitte la cellule.