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MILLE ET UN JOURS

d’ennemis qui s’apprêtent à fondre sur elle ? — Donc, il faut être prêt pour la défense. Tout ce qui se fait, l’énorme mécanisme des casernes et des usines à munitions, ne doit servir qu’à se protéger. Contre qui ?… — Contre un monde d’ennemis, spectre que la presse pangermaniste agite devant les populations frappées de terreur. Pour la masse, la prochaine guerre ne sera qu’une guerre défensive.

Toutefois cette caste militaire et civile, — qui peut compter un demi-million d’adultes, — tout en s’évertuant à donner le change sur ses véritables intentions, à tromper le bas peuple et les étrangers, se réclame de Bismark. On en a fait le grand héros national. Mais que dit Bismark ?… « La force prime le droit », d’abord. Et ensuite : « La guerre est la négation de l’ordre ». Pourquoi dit-il ceci ? Tout le monde le sait : c’est un lieu commun. Attendez. L’Homme de fer a un but. Lisez plus loin : « Le moyen le plus efficace de forcer la nation ennemie à demander la paix, c’est de dévaster son territoire et de terroriser la population civile… »

Cette nouvelle théorie, née des succès remportés en 1870, au moyen des procédés de destruction mis alors en honneur ne rencontre que peu ou point d’objections en Allemagne.

C’est monstrueux, mais c’est ainsi. Les disciples de Bismark ayant élaboré toute une théorie de justification à propos des actes et des paroles les plus condamnables du fameux chancelier, le bon peuple allemand, d’abord un peu scandalisé, s’est laissé fai-