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EN PRISON À BERLIN

EXTRAITS
de la
Protestation publique rédigée par le Cardinal
au nom de l’Épiscopat




Malines, le 7 novembre 1916.


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La vérité toute nue est que chaque ouvrier déporté est un soldat de plus pour l’armée allemande. Il prendra la place d’un ouvrier allemand dont on fera un soldat. De sorte que la situation que nous dénonçons au monde civilisé se réduit à ces termes : Quatre cent mille ouvriers se trouvent malgré eux, et en grande partie à cause du régime d’occupation, réduits au chômage. Fils, époux, pères de famille, ils supportent sans murmure, respectueux de l’ordre public, leur sort malheureux ; la solidarité nationale pourvoit à leurs plus pressants besoins ; à force de parcimonie et de privations généreuses, ils échappent à la misère extrême et attendent, avec dignité, dans une intimité que le deuil national resserre, la fin de notre commune épreuve.

Des équipes de soldats pénètrent de force dans ces foyers paisibles, arrachent les jeunes gens à leurs parents, le mari à sa femme, le père à ses enfants ; gardent à la baïonnette les issues par lesquelles veulent se précipiter les épouses et les mères pour dire