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MEISSONIER.

taire influence sur notre école et l’ont ramenée, par des moyens sans doute un peu terre à terre, dans la voie de sa vraie tradition de sobriété, de tenue, de clarté et de précision. Si, malheureusement, à sa suite, la peinture de genre s’est cantonnée dans les accoutrements et les décors d’un passé depuis longtemps enseveli, elle a, néanmoins, gardé, à son exemple, une certaine dignité, une indiscutable tenue et même une valeur pittoresque qu’on n’observe pas dans d’autres écoles. À l’étranger même, son influence sur la peinture de genre, par les bons et les mauvais côtés, s’est répandue grâce à quelques-uns de ses disciples, dont le plus célèbre est l’Espagnol Fortuny.

Dans la peinture d’histoire, l’action exercée par Meissonier a été peut-être plus efficace et plus utile. Il a marché avec l’évolution historique moderne, dans ses vues nouvelles de reconstruction de l’existence du passé, basées sur l’étude critique des documents et des monuments, tout en tenant compte des lois de la vie et de la psychologie humaine. Il a tendu le public, désormais mieux informé, plus exigeant, et il a conduit les peintres d’histoire, quels qu’ils fussent, même les plus éloignés en apparence de son orientation, à ne plus se contenter des vieux bric-à-brac de théâtre et à chercher l’intérêt ou l’émotion dans la vérité.

En dehors de cette influence, qui, pendant un demi-siècle, a été universelle, Meissonier, par ses mérites propres, quelles que soient les réserves qu’on ait pu et qu’on ait dû faire, restera, il faut le répéter, à cette heure où la faveur du public dirigeant s’est détachée assez injustement de lui,