Page:Béranger, oeuvres complètes - tome 3.pdf/104

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À la paresse, hélas ! toujours enclin.
Mais je me crus des droits au nom de sage,
Lorsqu’on m’apprit le métier de Franklin.

C’était à l’âge où naît l’amitié franche,
Sol que fleurit un matin plein d’espoir.
Un arbre y croît dont souvent une branche
Nous sert d’appui pour marcher jusqu’au soir.

Lieux où jadis m’a bercé l’Espérance,
Je vous revois à plus de cinquante ans.
On rajeunit aux souvenirs d’enfance,
Comme on renaît au souffle du printemps.

C’est dans ces murs qu’en des jours de défaites,
De l’ennemi j’écoutais le canon.
Ici ma voix, mêlée aux chants des fêtes,
De la patrie a bégayé le nom.

Âme rêveuse, aux ailes de colombe,
De mes sabots, là, j’oubliais le poids.
Du ciel, ici, sur moi la foudre tombe
Et m’apprivoise avec celle des rois l*.

Contre le sort ma raison s’est armée
Sous l’humble toit, et vient aux mêmes lieux
Narguer la gloire, inconstante fumée
Qui tire aussi des larmes de nos yeux.

Amis, parents, témoins de mon aurore,
Objets d’un culte avec le temps accru,