Page:Béranger, oeuvres complètes - tome 3.pdf/185

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« Cependant, tout en reconnaissant la force de ce principe consacré par un arrêt contre lequel le sieur de Béranger ne s’est pas pourvu, nous n’en ferons pas usage aujourd’hui. Qu’importe, en effet, qu’on livre aux débats les chansons contenues dans le premier volume, si ces chansons, par le révoltant cynisme de leurs expressions, se défendent elles-mêmes contre toute citation ? Pour se résoudre à blesser de leurs tours obscènes la décence de cet auditoire, il faudrait ne pas avoir d’autres textes à vous signaler : vos consciences n’ont pas besoin qu’on stimule leur discernement par un luxe de scandale et une surabondance de griefs.

« Nous renonçons donc volontiers à ouvrir le premier volume, et nous n’indiquerons même pas la moindre partie de celles contenues dans le second volume.

« Le sieur de Béranger a-t-il commis un outrage à la morale publique et religieuse ? s’est-il rendu coupable d’une offense envers la personne du roi ? a-t-il provoqué le port public d’un signe de ralliement non autorisé ? Telles sont les trois questions que nous allons successivement discuter.

« Il serait trop long et trop pénible de rechercher toutes les pages qui attentent à la morale publique et religieuse : nous ne vous parlerons donc pas de la chanson des Deux Sœurs de Charité[1], dans laquelle l’auteur, anéantissant tout principe de morale, soutient qu’une fille de joie ne mérite pas moins le ciel par les excès de la débauche, qu’une sœur de charité par ses bonnes œuvres et son dévouement sublime. Nous ne vous parlerons pas de la chanson intitulée les Chantres de Paroisse[2], où, selon le prévenu, le

  1. Tome I, page 216.
  2. Tome I, page 309.