Page:Béranger, oeuvres complètes - tome 3.pdf/21

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        Qui chez nous a le cœur français.
        Sans y moissonner, moi, pauvre homme,
        J’aime avant tout le sol natal,
J’y tiens autant que vous tenez à Rome.
Qu’en dites-vous, monsieur le Cardinal ?

        Puisque vous fredonnez mes rimes,
        Vous grand lévite ultramontain,
        N’y trouvez-vous pas des maximes
        Dignes du bon Samaritain j ?
        D’huile et de baume les mains pleines,
        Il eût rougi d’aigrir le mal.
Ah ! d’un captif il n’eût vu que les chaînes.
Qu’en dites-vous, monsieur le Cardinal ?

        Enfin, avouez qu’en mon livre
        Dieu brille à travers ma gaîté.
        Je crois qu’il nous regarde vivre ;
        Qu’il a béni ma pauvreté.
        Sous les verroux, sa voix m’inspire
        Un appel à son tribunal.
Des grands du monde elle m’enseigne à rire.
Qu’en dites-vous, monsieur le Cardinal ?

        Au fond vous avez l’âme bonne.
        Pardonnez à l’homme de bien,
        Monseigneur, pour qu’il vous pardonne
        Votre mandement peu chrétien.
        Mais au Conclave on met la nappe k,
        Partez pour Rome à ce signal.
Le Saint-Esprit fasse de vous un pape !
Qu’en dites-vous, monsieur le Cardinal ?