Page:Béranger, oeuvres complètes - tome 3.pdf/210

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quisitoire. Béranger voit sa muse traduite au Palais-de-Justice :


            Suivez-moi,
            C’est la loi,
Suivez-moi, de par le roi[1].


Il comparaît, il n’est pas peu surpris de s’entendre proposer des questions si graves sur un fonds si léger ; et, comme il l’a raconté depuis, de


Voir prendre à ses ennemis,
Pour peser une marotte,
La balance de Thémis.


Quoi qu’il en soit, il répond de bonne grâce et de son mieux. Sur les premières chansons, il oppose la prescription ; quant aux autres, il déclare ne pas savoir ce qu’elles ont de contraire à la loi.

« Ces réponses sont loin de satisfaire le parquet ; et le 5 novembre paraît un réquisitoire ampliatif. Cinq chansons seulement avaient paru coupables à une première lecture ; mais, en y regardant de plus près, en y réfléchissant bien, le second réquisitoire en signale quatorze[2] !

« Nouvel interrogatoire subi par la muse : mêmes réponses que précédemment.

« Enfin, le 8 novembre 1821, ordonnance de la chambre du conseil qui admet l’exception de prescription pour toutes les pièces comprises au premier

  1. Refrain d’une chanson de M. de Béranger, intitulée Ma première visite au Palais-de-Justice.
  2. Cela rappelle le trait de ce chirurgien de village, qui, après avoir décrit minutieusement jusqu’aux moindres contusions qu’il avait remarquées sur un cadavre qu’il était chargé de visiter, ajoutait après la clôture de son procès-verbal : Plus, un bras cassé, dont nous ne nous étions pas d’abord aperçus.