Page:Béranger, oeuvres complètes - tome 3.pdf/237

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

son heureuse influence sur le sort des états… J’avoue que, si telle était la question à résoudre, je ne serais pas l’adversaire du ministère public. La religion est le besoin de tous ; les malheureux en sentent mieux encore que d’autres la nécessité ; et ceux qui n’ont plus de place prient Dieu avec autant de ferveur que ceux qui en sont pourvus. Si la religion était outragée, je dirais aussi : Malheur à ceux qui l’outragent ! mais je dis en même temps : Malheur à ceux qui la dénaturent ! malheur à ceux qui veulent n’en faire qu’un objet de lucre, et n’en parlent que par spéculation ; qui mettent la vengeance personnelle à la place de la charité, et traitent avec une rigueur inexorable ce que Dieu lui-même excuserait avec bonté !

« Certes, je l’avouerai, le refrain est un peu léger ; mais peut-on dire qu’il ait été composé dans l’intention d’apostropher Dieu lui-même, et de l’outrager ? Cette idée, Si c’est par moi, etc. (en un mot le refrain de la chanson), serait déplacée par-tout ailleurs, j’irai même jusqu’à dire que l’on n’aurait pas dû céder à ce que l’expression paraissait avoir d’original. Mais je crois aussi que l’auteur n’y a vu qu’une opposition piquante, un contraste singulier, et qu’il n’a jamais eu la coupable pensée d’attaquer la Divinité et de s’en jouer[1].

« Il ne faut pas méconnaître le privilège de la poésie, ni lui contester le parti qu’elle a pu tirer d’un fait que nous trouvons consigné dans les livres saints.

« Tout peut arriver quand Dieu le veut ou le permet.

  1. On trouve ce même refrain dans une des pièces qui se jouaient à Paris du temps de Louis XII, sous le titre de Mystères, sur le théâtre des confrères de la Passion.