Page:Béranger, oeuvres complètes - tome 3.pdf/251

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voulu transformer l’expression d’un sentiment permis en une provocation à la révolte. Aman, le farouche Aman, a-t-il donc fait traduire au banc d’Assuérus le patriotique auteur du Cùm recordaremur Sion ?

(L’avocat résume en peu de mots sa discussion, et termine en ces termes) :


« Après avoir réfuté successivement les divers chefs d’accusation, il ne me reste, messieurs, qu’à ramener votre attention sur le caractère du livre et la personne de l’auteur.

« Peu de gens peuvent dire avec autant d’assurance que lui : « C’est parce que je ne crains point qu’on examine mes mœurs, que je me suis permis de peindre celles du temps avec une exactitude qui participe de leur licence. »

« Il aime la liberté, il l’aime avec passion :


Lisette seule a le droit de sourire,
Quand il lui dit : Je suis indépendant.


« D’ailleurs (dit-il encore lui-même), en frondant quelques abus qui n’en seront pas moins éternels, en ridiculisant quelques personnages à qui l’on pourrait souhaiter de n’être que ridicules, ai-je insulté jamais à ce qui a droit au respect de tous ? Le respect pour le souverain paraît-il me coûter ? »

« Ses chansons ont déplu aux dépositaires du pouvoir… C’est tout simple : « La chanson est essentiellement du parti de l’opposition » (Préf., p. lxxiii) ; et ces messieurs n’en veulent supporter aucune.

« Chacun pourtant résiste à sa manière à ce qui peut dégénérer en oppression : les uns par des livres,