Page:Béranger, oeuvres complètes - tome 3.pdf/256

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gramme un genre de punition tout nouveau : il supposait qu’ils avaient perdu l’esprit, et il les faisait jeter, sans forme de procès, dans les loges de Charenton ou les cabanons de Bicêtre.

« Mais le défenseur veut qu’on loue le sieur Béranger d’avoir lui-même risqué de dures vérités contre ce chef despotique. Qu’a-t-il donc osé lui dire ? Lui a-t-il dit qu’il fallait substituer à ces aigles dévorantes l’antique drapeau des lis ? A-t-il dit que l’église, dont ce conquérant eut au moins le mérite d’avoir rouvert les portes, n’était que l’asile des cuistres ? A-t-il dit que c’était à tort que Napoléon faisait précéder ses actes de la formule de par la grâce de Dieu et la constitution de la république ? Non, messieurs ; l’indépendance du sieur de Béranger n’a pas été jusque-là sous le gouvernement d’alors ; mais il a composé la chanson du Roi d’Yvetot, où le microscope de la police impériale ne put trouver matière à réprimande.

« Au surplus, toutes ces digressions où nous entraîne sans cesse la plaidoirie évasive du défenseur, sont étrangères à la question qu’il a cachée sous un amas de faits parasites et superflus ; cette question est dans les trois points que nous avons recommandés à votre attention.

« Le premier était relatif aux atteintes à la morale publique et religieuse. On prétend que nous avons voulu venger les prêtres, les missionnaires et le Concordat. Il serait sans doute préférable qu’ils fussent respectés, puisqu’ils tiennent à la religion ; mais nous n’avons pas le droit d’être si exigeants. Puisque la loi parle de la morale religieuse, distinguons donc ce qui n’est qu’accessoire à la religion d’avec ce qui forme son essence ; distinguons ses rites, ses solennités et ses ministres, de ses dogmes éternels et de