Page:Béranger, oeuvres complètes - tome 3.pdf/258

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si bien parés, sur des trônes à clous dorés, qui, le front huilé, l’humeur altière, disent que Dieu a béni leurs droits, et qu’ils sont rois par sa grâce ; ce qui n’est pas vrai.

« Sur le dernier chef de prévention, on vous dit que la chanson du Vieux Drapeau n’est que la traduction d’une phrase prononcée à la tribune de la Chambre des députés. Il y a une sorte de lâcheté et de mauvaise foi à se cacher ainsi derrière l’inviolabilité des députés : d’ailleurs, un vœu émis à l’une des deux Chambres n’est qu’une proposition qui sous-entend une discussion préliminaire et l’action des trois pouvoirs. Mais le sieur de Béranger, de son propre mouvement, provoque dès à présent l’exhibition du drapeau tricocole. Qu’il fasse l’éloge de la gloire militaire dont ce drapeau a été le témoin, nous dirons avec lui que cette gloire est un patrimoine commun et que nous en avons besoin pour nous sauver de la honte de nos égarements politiques ; le délit n’est donc pas dans cet éloge, mais dans la provocation au port d’un signe de ralliement prohibé ; car ce signe de ralliement n’a pour objet que d’opérer une scission militaire, et d’opposer l’étendard de la sédition à l’étendard légitime : »


Après avoir réfuté rapidement tous les moyens du défenseur, M. Marchangy termine par ces mots[1] :


« Si l’on réduisait à sa juste valeur tout ce qui peut se dire en faveur des chansons du sieur de Béranger, on ne trouverait, en définitive, que cet étrange argument pour toute défense : Ces poésies

  1. Cette partie (la réfutation), ayant été improvisée, n’a pas été recueillie par le sténographe ; et, comme elle n’a pas été reproduite par les journaux, nous ne pouvons la publier ici.