Page:Béranger, oeuvres complètes - tome 3.pdf/287

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entendre par-delà l’enceinte des tribunaux une voix dont l’indépendance est à la fois la garantie des accusés et un hommage rendu à la Justice elle-même, qui ne saurait redouter la publicité. Vingt procès fameux ont été imprimés de cette manière, et jamais leur compte rendu n’engendra d’autres procès.

« L’accusation répond : Oui, toute latitude est donnée à la justification des prévenus, et les grandes prérogatives de la défense leur sont laissées tant qu’ils parcourent les divers degrés de juridiction ; mais, lorsqu’une décision définitive est intervenue, ils rentrent dans la règle commune, et ne peuvent réclamer une publicité désormais sans objet, pour perpétuer un scandale qui serait la reproduction d’un délit.

« Il est des procès qu’on peut publier sans inconvénient, parce que le récit n’en est pas un crime ; mais ici le scandale se renouvelle, et la mesure répressive devient illusoire.

« Le sieur de Béranger n’a pu, comme il le dit dans une Consultation signée de trente-deux avocats, alléguer la nécessité de réimprimer la défense pour rétablir l’équilibre, parce que l’arrêt de renvoi où sont comprises les chansons ne fait pas partie de la défense, qu’on eût pu imprimer sans parler de l’arrêt qui n’est destiné qu’à l’instruction. On doit ensuite observer qu’il n’y a point de parité entre la défense et l’accusation, lorsque la condamnation est intervenue : car, après cette condamnation, l’accusation est seule présumée la vérité, res judicata pro veritate habetur ; enfin, où est le tort causé au condamné, puisque l’arrêt de condamnation doit être affiché ?

« La censure a, dit-on, supprimé la défense du sieur de Béranger. Les lecteurs y ont perdu sans