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                Toujours, toujours,
Tourne la terre où moi je cours,
Toujours, toujours, toujours, toujours.

Des murs où je suis né jadis,
Retrouvé-je encor quelque trace ;
Pour m’arrêter je me roidis ;
Mais le tourbillon me dit : « Passe !
« Passe ! » et la voix me crie aussi :
« Reste debout quand tout succombe.
« Tes aïeux ne t’ont point ici
« Gardé de place dans leur tombe. »
                Toujours, toujours,
Tourne la terre où moi je cours,
Toujours, toujours, toujours, toujours.

J’outrageai d’un rire inhumain
L’homme-dieu respirant à peine…
Mais sous mes pieds fuit le chemin ;
Adieu, le tourbillon m’entraîne.
Vous qui manquez de charité,
Tremblez à mon supplice étrange :
Ce n’est point sa divinité,
C’est l’humanité que Dieu venge.
                Toujours, toujours,
Tourne la terre où moi je cours,
Toujours, toujours, toujours, toujours.