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Tout compté, je ne vous dois rien,
Bon ange, adieu ; portez-vous bien.

De l’enfer serai-je habitant,
Ou droit au ciel veut-on que j’aille ?
Oui, dit l’ange, ou bien non pourtant,
Crois-moi, tire à la courte-paille :
Tout compté, je ne vous dois rien,
Bon ange, adieu ; portez-vous bien.


« Qui de nous, et nous nous adressons à tous ceux qui nous entendent, qui de nous ne voit dans le colloque imaginé par l’auteur, dans cette chanson entre un mourant et son bon ange, une dérision jetée sur cette doctrine de l’église catholique qui admet auprès de chaque chrétien l’influence mystérieuse et salutaire d’un esprit céleste ? Mais, sans nous arrêter à l’ensemble des couplets empreints d’un esprit d’irréligion qui ne saurait échapper à personne, fixez votre pensée sur le huitième couplet, l’un des deux seuls incriminés, et dites si l’auteur n’y a pas eu pour but de verser le ridicule sur un des sacrements, sur celui-là même que la religion, celle de l’état, offre à l’homme mourant comme un gage de réconciliation entre lui et le ciel. C’est donc avec raison que l’organe du ministère public devant la cour a accusé le sieur de Béranger d’avoir, dans ce triste couplet, voué au mépris ce que nos dogmes religieux ont de plus respectable et de plus consolant.

« L’outrage à la morale publique est non moins évident dans le neuvième couplet.

« Qui ne voit, en effet, dans la réponse impie que l’auteur prête à son ange, un doute affreux jeté sur le dogme sacré et universel des peines et des récompenses futures ? disons mieux, sur le principe éternel de la vérité d’une vie à venir, car l’un de ces principes est la conséquence de l’autre.

« Ainsi dans des vers, qui sont bien à la portée de