Page:Béranger, oeuvres complètes - tome 3.pdf/328

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vent des tableaux propres à parler aux sens leur plus grossier langage ; ainsi l’attestent les gravures obscènes et séditieuses destinées à accompagner ces réimpressions qui surgissent de toutes parts. Croyons que c’est contre le gré de l’auteur que ses œuvres sont souillées de pareilles turpitudes, mais il n’en est pas moins certain qu’elles en ont fourni les sujets.

« Celles des productions du sieur de Béranger, qui vous sont déférées, vous le reconnaîtrez, messieurs, ont bien tout ce qu’il faut pour être entendues de l’esprit de licence et de révolte du plus bas étage, et on ne peut se dissimuler que l’auteur les a conçues dans ce but, car il n’a pas cherché à s’y élever au-dessus des entendements vulgaires. Soit qu’il outrage la morale publique et qu’il se raille de la religion de l’état, soit qu’il insulte à la majesté royale et qu’il appelle le mépris sur le gouvernement légitime, ses pensées sont claires, ses expressions simples et positives ; dépouillez ses vers de la rime, brisez la césure, enlevez tout le prestige de la poésie, et sa pensée paraîtra dans toute sa laideur, ses couplets ne seront plus qu’un libelle.

« Non, les vers dont se composent les prétendues chansons du Sacre de Charles-le-Simple et des Infiniment Petits, ne sont point les produits faciles d’une débauche d’esprit ; ce ne sont point les gais enfants d’une ingénieuse et passagère malice, mais bien l’œuvre calculée d’une méchanceté froide et réfléchie.

« Et quel temps, disons-le donc, quel temps a-t-on choisi pour enfanter de pareils vers ? Lorsqu’au sein d’une paix mêlée de gloire tout prospère dans notre belle France ; quand les Français reconnaissants se pressent autour de leur roi dans un commun sentiment d’amour et de respect ; quand se ralliant