Page:Béranger, oeuvres complètes - tome 3.pdf/341

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« Ne vous laissez pas enivrer par ces éloges fastueux des courtisans qui sont dans ce moment à vos pieds. Dans d’autres temps, à la même cérémonie, ils prodiguaient à un autre les mêmes hommages et les mêmes flatteries. Peu satisfaits des richesses qu’ils ont obtenues, ils en solliciteront encore. Rappelez-vous que c’est la substance des peuples qu’ils vous demandent. Un pouvoir ambitieux s’efforce de s’arroger la puissance civile. Sachez résister à ces tentatives. Le sacre ne fait pas les rois ; on n’est pas roi par le sacre. Louis XVIII ne fut pas sacré ; il n’y a que les ligueurs qui puissent dire : Point de roi sans onction, et point d’onction pour le prince hérétique ! Interrogez notre histoire, et vous verrez que le sacre ne fut jamais la fête ni des rois ni des peuples : c’est la fête triomphale du clergé. » (Mouvement.)


« Béranger, continue Me Barthe, n’est point un grand personnage. Il prendra les formes de l’apologue pour revêtir cette moralité, pour faire mieux sentir le néant des flatteries des courtisans. Il présentera comme en ayant été l’objet un prince connu par sa faiblesse et son imbécillité ; il montrera des courtisans avides empressés autour de lui ; il rapprochera la moralité des temps présents pour qu’elle soit bien comprise. La forme qu’il a choisie appartiendra au poëte. Il aurait pu l’emprunter tout entière à son imagination ; il a pu l’emprunter à l’histoire.

« C’est ainsi qu’il faut entendre les deuxième et troisième couplets. Les autres indiquent encore plus vivement la moralité profonde qui se trouve dans ce morceau de poésie. Il craint de voir la puissance civile s’humilier devant le pouvoir religieux, et dans