Page:Béranger, oeuvres complètes - tome 3.pdf/57

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« Puis, en grand m’étant fait voleur,
« J’eus d’un baron mœurs et langage.
« De leurs châsses, dans mes larcins,
« J’ai dépouillé des basiliques.
« Au feu, j’ai jeté de bons saints.
« Du ciel admirez les desseins.
« Dévots, baisez donc mes reliques ;
« Baisez, baisez donc mes reliques.

« Baisez, sous ce dais de velours,
« La sainte qu’on priera dimanche.
« C’est une Juive, mes amours,
« Dont l’œil fut noir et la peau blanche.
« Grâce à ses charmes réprouvés,
« Dix prélats sont morts hérétiques ;
« Vingt moines sont morts énervés.
« Trouvez mieux si vous le pouvez.
« Dévots, baisez donc ses reliques ;
« Baisez, baisez donc ses reliques.

« Près d’elle est un vieux crâne étroit ;
« Baisez ce saint d’une autre espèce.
« Jadis de larron maladroit,
« Il devint bourreau plein d’adresse.
« Nos rois, pour se bien divertir,
« L’occupaient aux fêtes publiques.
« Hélas ! je lui dois, sans mentir,
« L’honneur de passer pour martyr.
« Dévots, baisez donc ses reliques ;
« Baisez, baisez donc ses reliques.

« Sous les noms de pieux patrons,