Page:Béranger, oeuvres complètes - tome 3.pdf/96

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Puis force gens qui se disent malades
Dès qu’un bobo cause au roi des douleurs.
Bonnet de pauvre et royal diadème
Ont leur vermine : un dieu fit cette loi.
Les courtisans rongent l’orgueil suprême.
Faites un roi, morbleu ! faites un roi ;
        Faites un roi, faites un roi.

Chez vous pleuvront laquais de toute sorte ;
Juges, préfets, gendarmes, espions ;
Nombreux soldats pour leur prêter main-forte ;
Joie à brûler un cent de lampions.
Vient le budget ! nourrir Athène et Sparte
Eût, en vingt ans, moins coûté, sur ma foi.
L’ogre a dîné ; peuples, payez la carte.
Faites un roi, morbleu ! faites un roi ;
        Faites un roi, faites un roi.

Mais, quoi ! je raille ; on le sait bien en France :
J’y suis du trône un des chauds partisans.
D’ailleurs l’histoire a répondu d’avance :
Nous n’y voyons que princes bienfaisants.
Pères du peuple, ils le font pâmer d’aise ;
Plus il s’instruit, moins ils en ont d’effroi.
Au bon Henri succède Louis-Treize.
Faites un roi ! morbleu, faites un roi ;
        Faites un roi, faites un roi.