Oui, jusqu’au ciel je m’envole,
Sans permis des généraux.
Heureux si mon chant racole
Des âmes de vieux héros.
De leur gloire je raffole.
Co, co, coquérico.
France, remets ton shako.
Coquérico, coquérico.
Que ces étoiles sont belles !
Et les cieux, comme ils sont grands !
Ces planètes seraient-elles
Un bon mets de conquérants !
Qu’à nos gens poussent des ailes !
Co, co, coquérico.
France, remets ton shako.
Coquérico, coquérico.
Dans Vénus j’entre à la brune ;
Mars m’attire à ses tambours.
Chez Mercure, la Fortune
Gave butors[1] et vautours.
Que d’avocats dans la lune !
Co, co, coquérico.
France, remets ton shako.
Coquérico, coquérico.
Du soleil je fends la voûte.
Dieu ! l’Empereur m’apparaît !
Tu veux un guide, sans doute ;
Tiens, dit-il, mon aigle est prêt.
Du ciel il connaît la route.
Co, co, coquérico.
France, remets ton shako.
Coquérico, coquérico.
Nous partons, et, dans nos traites,
L’aigle se plaît à conter
Batailles, sièges, retraites,
Si bien que, pour l’écouter,
S’arrêtent plusieurs comètes.
Co, co, coquérico.
France, remets ton shako.
Coquérico, coquérico.
Vient un parfum qui nous flatte :
Au paradis nous voilà,
Dit l’aigle ; à la porte gratte,
Mon père, quittons-nous là.
Adieu, serrons-nous la patte.
Co, co, coquérico.
France, remets ton shako.
Coquérico, coquérico.
Qui fume à cette fenêtre ?
C’est saint Pierre. Il me dit : Coq,
Aucun des tiens ne pénètre
Chez nous que pour pendre au croc.
Vos chants m’ont trop fait connaître.
Co, co, coquérico.
France, remets ton shako.
Coquérico, coquérico.
Passe un ange qui raconte
Le refus du vieux commis.
Cours, dit le bon Dieu, qu’il monte ;
Ce coq est de mes amis.
J’entre, et Pierre en meurt de honte.
Co, co, coquérico.
France, remets ton shako.
Coquérico, coquérico.