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BAPTÊME DE VOLTAIRE[1]


Air : Les cloches du monastère.


La foule encombre l’église ;
Les prêtres sont en émoi :
C’est un garçon qu’on baptise,
Fils d’un trésorier du roi.
Le curé court en personne
Dire au bedeau : Sonne ! sonne !
            Dig don ! dig don !

Que n’avons-nous un bourdon !
            Dig don ! dig don !
                    Dig don !

bis.

 
Le curé parle au vicaire :
Ce baptême nous fera
Redorer croix, reliquaire,
Ostensoirs, et cætera.
Même il se peut que j’accroche
De l’argent pour une cloche.
            Dig don ! dig don !
Que n’avons-nous un bourdon !
            Dig don ! dig don !
                    Dig don !

Ah ! crie un chantre, j’espère
Que, nous livrant son cellier,
Cet enfant comme son père
Un jour sera marguillier.
Qu’à son nom l’honneur s’attache
D’un gros marguillier sans tache.
            Dig don ! dig don !
Que n’avons-nous un bourdon !
            Dig don ! dig don !
                    Dig don !

À la marraine un beau prêtre
Dit tout bas : Les jolis yeux !
Madame, vous devez être
Un ange envoyé des cieux.
L’enfant qu’un ange patronne
Est un saint que Dieu nous donne.
            Dig don ! dig don !
Que n’avons-nous un bourdon !
            Dig don ! dig don !
                    Dig don !

De sa mère, ajoute un diacre,
Ce fils aura tout l’esprit.
Qu’à la chaire il se consacre :
Il vengera Jésus-Christ.
Qui sait ? à sa voix peut-être
Plus d’un bûcher doit renaître.
            Dig don ! dig don !
Que n’avons-nous un bourdon !
            Dig don ! dig don !
                    Dig don !



  1. Voltaire, né en février 1694, était d’apparence si frêle qu’on se contenta de l’ondoyer en famille. Son baptême n’eut lieu qu’en novembre de la même année, à Saint-André des Arts. Son père, notaire d’abord, devint trésorierde la cour des comptes.