Page:Béranger - Chansons anciennes et posthumes.djvu/645

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        Lise, emplis mon verre ;
        Eh ! vite en chemin !

Que m’importe votre monde,
Ses aquilons, ses autans,
Ses vieux rocs, sa mer qui gronde,
La fleur qui manque au printemps !
De tout jeunesse s’arrange ;
Mais, las des ans, je m’en vais.
Pétri de sang et de fange,
Ce globe sent trop mauvais.
        Gaieté, persévère ;
        Amis, votre main.
        Lise, emplis mon verre ;
        Eh ! vite en chemin !

Adieu ! J’achève ma course.
Le ciel s’accourcit d’autant
Qu’il voit au fond de ma bourse
Combien peu j’ai de comptant !
Amis, quittez cet air morne.
Je pars, mais avec l’espoir,
Quand j’aurai passé la borne,
De vous crier : Au revoir !
        Gaieté, persévère ;
        Amis, votre main.
        Lise, emplis mon verre ;
        Eh ! vite en chemin !