Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 2.djvu/107

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aussi, ils empiètent sur le début du vers précédent ou suivant :

Quove tenetis iter ? » Quærenti talibus ille...

Ici encore, Virgile est un fidèle disciple, un imitateur trop docile, non pas d’Homère, mais des poètes et éditeurs alexandrins : il n’a fait que suivre les exemples d’Apollonios de Rhodes en ses Argonautiques.

Dans les Poésies homériques, un discours ne commence et ne finit jamais autrement qu’avec le vers en tête et en queue, tout discours est toujours nettement séparé et de son annonce et de la reprise du récit ; il ne se mêle jamais ni à l’une ni à l’autre, même quand il n’est composé que de deux vers, même quand il tient en un seul.

Les mêmes formules un peu monotones d’annonce, de conclusion et de reprise se retrouvent, en des vers pareillement disposés, même quand l’un des personnages homériques rapporte le dialogue qu’il eut en telle ou telle rencontre, — tel le récit que Ménélas fait à Télémaque de ses conversations avec Protée et Idothée :

Le robuste Protée, un des Vieux de la Mer, a pour fille Idothée dont je touchai le cœur. Elle vint m’aborder, un jour que j’errais seul...

— Debout à mes côtés, elle prend la parole :