Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 2.djvu/16

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l’Occident, puis toute l’Europe, enfin tout le monde blanc ont adopté, révéré le texte homérique dans la structure et la teneur que nous avons héritées des Romains. Mais Rome ne les avait pas reçues des grands et vrais Hellènes d’Athènes, de Sparte, de Chios ou de Milet ; elle les tenait de ces Graeculi, de ces « petits Grecs » de l’Asie-Mineure et de l’Égypte, héritiers des conquêtes d’Alexandre et membres de communautés ou de nations métisses, que nos savants appellent « hellénistiques », par opposition aux vieilles cités et aux nobles peuples de l’histoire proprement « hellénique ».

Nous lisons encore aujourd’hui l’Homère que lisait et qu’imitait Virgile : ce n’est pas celui qu’ont connu et admiré les Athéniens de Solon, les Doriens de Lycurgue, les Ioniens de Thalès et les Éoliens de Sapho. Notre Homère en deux poèmes massifs et continus de XXIV « chants », chacun, ne date que des éditeurs d’Alexandrie, du iiie siècle avant notre ère.

Ce sont les « Critiques » d’Alexandrie, — Zénodote (mort vers 260), Aristophane de Byzance (vivant vers 250) et le fameux Aristarque (né vers 215), — qui ont définitivement aménagé et constitué les deux blocs unitaires des Poésies homériques : geste d’Achille ou