Page:Bérard - La résurrection d’Homère, 1930, 2.djvu/18

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Ni les plus vieux Hellènes des viiie-vie siècles, ni même les Athéniens du ve, vainqueurs de Salamine et de Marathon ou électeurs de Périclès, n’ont connu l’épopée, telle qu’à l’exemple des Gréco-Romains, les Modernes se la figurent. Une illusion domine depuis vingt siècles toutes nos littératures occidentales, après avoir dominé les littératures d’Alexandrie, de Rome et de Byzance. Car les unes après les autres, ces élèves ou imitatrices des Grecs se sont figuré que l’antique Hellade avait cultivé trois genres de poésie foncièrement différents, complètement distincts : l’épique, le lyrique, le dramatique, dont chacun avait eu son caractère propre, ses habitudes et ses règles.

Or, depuis un siècle, les archéologues et les historiens ont appris à nos sculpteurs et à nos architectes qu’il ne fallait en rien confondre l’art grec et l’industrie gréco-romaine, ni, surtout, se fier aux formules et aux imitations de celle-ci pour connaître les originaux et théories de celui-là. Notre goût public, tout notre idéal statuaire et architectural furent transformés du jour où fut établie cette distinction nécessaire entre les modèles de la Grèce et les copies de Rome...

L’épopée de Virgile est à l’épos d’Homère ce qu’un temple du Forum est au Parthénon